L’histoire du centre scolaire d’Angreviers

L’Histoire du site d’Angreviers

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Construite en 1827-1828 sur les plans de l’architecte Etienne Blon, la manufacture d’Angreviers, proche extérieurement de son état primitif est de toutes les bâtisses de la Sèvre, la plus représentative du courant architectural clissonnais appliqué aux usines et la plus caractéristique du mouvement de renouveau économique qui se dessine sous la restauration.

 

Connu au XVI siècle, le site des moulins d’Angreviers appartient aux Barins de la Galissonnière. Acquis probablement comme bien national pendant la Révolution, par une personne nommée Chevalier qualifié en 1809 de “rentier du Pallet”, ces moulins à farine font pour peu de temps, retour aux Barins, avant d’être rachetés par les Drouet, une famille de meuniers clissonnais, les moulins installés sur chaque rive et de faibles dimensions sont directement exploités par leur propriétaires. Dès la fin de l’année 1820, ainsi que le relève la lettre de Joseph Gautret à Lemot, ces moulins sont mis en vente pour 18 000 francs; intéressé, le meunier Housset se met sur les rangs, mais, incapable de soutenir le prix, doit céder le pas aux riches négociants nantais Louis Massion et fils. Les années suivantes se passent pour les nouveaux propriétaires à rassembler les capitaux auprès d’un groupe de rentiers nantais et à mettre au point leurs projets. Enfin le 17 mai 1826, leur demande est déposée devant le préfet de Loire-Atlantique; il s’agit de métamorphoser le site de la rive droite -la rive gauche restant exploitée par le meunier Drouet- l’ancien moulin à farine de la rive droite doit être remplacé par un vaste bâtiment à plusieurs étages d’environ 25,40 m de long sur 13,32 m de largeur abritant une grande route pour accueillir les machines d’une filature de lin.

Le grand bâtiment sera édifié conformément aux plans d’Etienne Blon qui combinent adroitement les effets de plein cintre et s’achèvent par un belvédère à colonnettes des plus élégants (probablement pour le stockage de la matière première). La chaîne de production s’organise de haut en bas: le rez-de-chaussée, percé d’arcades doit procurer aux grandes eaux une libre issue en tout temps et ne servir que de soubassement pour être à l’abri des grandes crues -la salle du premier étage dont la charpente est restée en l’état initial abrite les métiers à filer le lin- au second étage se trouve l’atelier de préparations. Nulle usine n’offre, sur la Sèvre, une telle finition architecturale.

Pourtant le projet d’Angreviers, bien que de dimension réduite ne répond pas aux espoirs. L’usine périclite vite jusqu’à ce que Bridon, nouveau directeur, décide en octobre 1837 de transférer l’activité linière à Nantes, rue Beauséjour, laissant l’usine en chômage pour plus de deux décennies. Loin de faire figure d’usine modèle, l’usine d’Angreviers, se signale par l’instabilité des propriétaires toujours déçus par le rendement médiocre de l’investissement. En 1837, l’usine est en liquidation et entre dans une longue période de léthargie. Plus tard en 1856, la reconversion en filature de coton ne s’achève pas plus heureuse.

Cette succession de rendez-vous manqués entre les phases d’expansion économique et les progrès techniques aura pourtant des effets relativement positifs pour la survie matérielle des bâtiments : reconvertie en 1892 en chamoiserie étendue sur le coteau, avec l’ajout de séchoirs, l’usine-villa ne subira de transformation sensibles, extensions et réhaussements, qu’après 1941 avec l’installation du Centre d’Éducation.

D’après “Clisson ou le retour d’Italie” Le 17 juin 1941.