« Ce n’est pas parce-que l’on ne voit pas que l’on est bon à rien »

                                                                                             

  « Ce  n’est pas parce-que l’on ne voit pas que l’on ne peut pas faire ou que l’on est bon à rien ! »

C’est par ces mots que Sonia Jolivet, bénévole non voyante à l’Association Voir avec les mains* , accueille un groupe d’élèves de 3ème de Notre Dame du Bon Accueil.
Le mercredi après-midi est traditionnellement réservé aux activités sportives et culturelles. Mais ce jour-là, Adèle Dubin, jeune stagiaire sur l’établissement dont le projet est de devenir monitrice-éducatrice, a proposé une activité inhabituelle : passer l’après-midi avec des personnes déficientes visuelles pour permettre aux jeunes du collège de « changer leur regard » sur le handicap.

Association favorisant la connaissance du handicap visuel à travers différentes sensibilisations concernant la vie quotidienne et à travers le sport.

Sonia est non voyante, elle est accompagnée d’Hermione, une chienne Golden qui est positionnée en permanence à ses pieds. Sa canne, elle n’en a pas besoin pour se déplacer ! Le moindre geste des personnes autour d’elle, la moindre masse, elle les perçoit instantanément.
C’est ce qui frappe d’emblée lorsqu’on l’observe : Sonia se déplace avec autant d’aisance qu’une personne voyante. Tout est dans les sensations explique t’elle aux jeunes qui l’écoutent avec attention et un peu d’intimidation aussi…

Comment aider et guider une personne aveugle dans la rue ?

Sonia met les jeunes en binômes dont l’un est muni d’une paire de lunettes totalement occultant. A charge pour l’autre de le guider. Et puis on change de rôle. Le but de l’exercice est que chacun puisse ressentir ce que la personne privée de la vue éprouve comme difficultés dans la vie de tous les jours pour se déplacer et pour vivre tout simplement comme les autres.
« C’est tout le corps qui bouge et la personne qui est guidée le sent. Quand on a un problème de vue ou d’audition, on développe tous les autres sens » précise Sonia.
Puis, on passe à l’utilisation de la canne blanche, une expérience plus déstabilisante car on est censé être autonome pour avancer. Ceux qui veulent tenter l’expérience sont moins nombreux !
Après cette première découverte, les jeunes ne sont pas au bout de leur surprise. Ils sont ensuite accueillis dans le gymnase par une autre personne bénévole de l’association Voir avec les mains qui leur propose de participer à une séance de Torball.

« C’est quoi le Torball ? »

A cette question posée par un jeune, la personne, elle-même mal-voyante, explique que “c’est une discipline sportive destinée aux personnes déficientes visuelles et ouverte également aux valides ». Cela ressemble un peu au hand-ball, sauf que les joueurs sont masqués et se déplacent couchés à terre et jouent avec un ballon sonore afin de pouvoir le localiser dans l’espace. Les limites du terrain sont matérialisées par des cordes munies de clochettes servant également de signal sonore.

Mais avant de s’adonner à cette nouvelle discipline, nos joueurs en herbe expérimentent les déplacements dans le terrain,

debout et masqués, afin de mieux contrôler leurs déplacements et appréhender l’espace avant de commencer à jouer.

 

 

Une expérience enrichissante

Ces différents apprentissages auront été très appréciés par les jeunes qui ont été mis en situation d’autonomie face au handicap visuel. Ils auront appris à ne pas en avoir peur et – comme le précisait Sonia – à ne pas assimiler la cécité à un handicap mental, auditif ou moteur : « ce n’est pas parce-que l’on ne voit pas que l’on ne peut pas marcher, on a juste par moments besoin que quelqu’un nous guide ».
Aborder une personne aveugle ou mal-voyante dans la rue ou dans un espace public ne devrait plus être une difficulté pour ces jeunes.

Peut-être même qu’ils se précipiteront pour l’aider…